Dialogue entre Ousmane Sonko et Macky Sall : Vers une sortie de crise sur le schéma du temps de l’Apartheid en Afrique du Sud ?

DG
4 min readFeb 15, 2024

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Ousmane Sonko (à gauche) & Macky Sall (à droite)

En ces temps de troubles socio-politiques qui frappent le Sénégal, un appel à la réflexion historique s’impose pour esquisser les possibles chemins de l’avenir. Au cœur de la tourmente, le Sénégal se trouve à un tournant décisif, semblable à un chaudron prêt à imploser sous la pression.

Le mot DIALOGUE occupe le devant de la scène, suscitant des réactions passionnées et une résistance farouche de nombreux citoyens à l’idée même d’un report des élections présidentielles.

Toutefois, ce dialogue, évoqué puis largement analysé dans la presse locale et internationale***, a été abordé par le Président sénégalais Macky Sall en conseil des Ministres, tel que ce tweet le souligne :

On peut y lire que Macky Sall “a particulièrement réitéré sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les forces vives de la Nation, en vue de renforcer, d’une part, notre démocratie à travers un processus électoral transparent, libre et inclusif et, d’autre part, la crédibilité de nos institutions. Dans ce contexte, le Chef de l’Etat, a décidé d’engager les voies et moyens de mettre en œuvre un processus pragmatique d’apaisement et de réconciliation pour préserver la paix et consolider la stabilité de la nation.

Face à cet appel au dialogue, et en s’appuyant sur l’histoire, on peut s’interroger sur la volonté du régime actuel d’initier des pourparlers qui pourraient amener la nation et la communauté internationale à accepter l’idée d’une loi d’amnistie, récemment mise à l’ordre du jour. Les négociations pourraient suivre le modèle de la “Commission Vérité et Réconciliation” mise en place en Afrique du Sud dans les années 90, qui a statué sur une telle loi d’amnistie en deux phases.

Ousmane Sonko, leader du parti PASTEF dissout le 31 juillet 2023 par le gouvernement sénégalais, pourrait-il considérer cette option comme un moyen de résoudre la crise, à l’image de Nelson Mandela en 1995–1997, face aux crimes de l’apartheid en Afrique du Sud ?

Mandela, en faveur de l’amnistie pour les crimes de l’apartheid, y compris ceux perpétrés contre ses proches, voyait dans cette démarche une nécessité de réconciliation nationale, un moyen d’éviter une escalade de violence, et une réalité pragmatique face à l’impossibilité de poursuivre tous les coupables.

L’amnistie, toutefois, n’était pas sans conditions : elle nécessitait une divulgation totale des crimes et l’expression de regrets sincères.

La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) avait pour mission d’écouter les victimes et les auteurs de crimes et d’accorder l’amnistie à ceux qui remplissaient ces conditions. La position de Mandela, bien que controversée, était motivée par la conviction qu’elle était essentielle à la paix et à la réconciliation, malgré les critiques et le sentiment d’injustice ressenti par certaines victimes.

Le débat sur l’amnistie perdure, illustrant la complexité de la réconciliation et de la justice. La décision de Mandela a évité une guerre civile et posé les fondations d’une Afrique du Sud démocratique, tout en laissant des plaies encore béantes.

Ce précédent historique offre une réflexion qui interpelle avec accuité sur les enjeux actuels du Sénégal, avec son lot de difficultés, ainsi que les espoirs d’une nation en quête de stabilité et d’unité.

** Quelques estimations des victimes de l’Apartheid en Afrique du Sud :

Le rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) : Le rapport estime que 21 000 personnes ont été tuées ou ont disparu pendant la période de troubles politiques de 1960 à 1994.

Le Centre international pour la justice transitionnelle (ICTJ) : L’ICTJ estime que 350 000 personnes sont mortes en détention ou à la suite de tortures ou d’exécutions extrajudiciaires entre 1960 et 1994.

L’Université du KwaZulu-Natal : Une étude de l’université estime que le nombre de victimes pourrait atteindre 3 millions si l’on inclut les victimes de la pauvreté, de la malnutrition et des maladies dues à l’apartheid.

Il est important de noter que ces chiffres ne sont que des estimations. Il est impossible de connaître le nombre exact de victimes car de nombreux crimes n’ont jamais été signalés et les archives de l’apartheid sont incomplètes.

*** Lire plus sur ce sujet :

- Sénégal: entre la présidence et Ousmane Sonko, un dialogue semble désormais possible ;

- Dialogue politique, amnistie générale : des experts décryptent la main tendue de Macky Sall ;

- Dialogue politique : Macky Sall drague ses protagonistes et balise le terrain ;

Demba GUEYE

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DG

Founder of AZERTY 1 SARL ; @DakarMasks & @KebetuAcademy Spécialiste en #CommunicationDigitale — initiateur du HT #kebetu au #Sénégal